CFOs sous LBO, qui sont-ils?
Analyse de 100 profils Linkedin de CFOs d'entreprises françaises sous LBO
Chez REKOLT, on travaille essentiellement avec les CFO d’entreprises PE-backed sur leurs besoins en analyse et traitement de la data. Dans ces entreprises SMID cap, les CFOs sont à la fois détenteurs et principaux consommateurs de données.
Je passe une grande partie de mon temps à échanger avec ces CFOs pour affiner notre compréhension de leurs enjeux et attentes.
Chez REKOLT, on aime aussi expérimenter avec l’IA pour enrichir nos analyses. Karim a développé un agent AI capable d’extraire les expériences et formations de 100 CFOs PE-backed sur LinkedIn, de les structurer en base de données, puis de les analyser avec GPT-4 Turbo selon une grille de critères précis.
Alors, sans plus attendre, voici les insights qui ressortent de ces 100 profils analysés.
Mais avant que les ayatollah des statistiques (dont je fais partie selon les contextes) ne nous tombent dessus, je tiens à préciser qu’on ne prétend pas que cet échantillon soit représentatif ou que les résultats soient significatifs.
Le profil business school domine largement
Pas de surprise ici : 76% des CFOs viennent d’une école de commerce, tandis que 8% ont un diplôme d’ingénieur et 14% sont experts-comptables. La quasi-totalité ont suivi une formation en finance ou comptabilité.
Le parcours type d’un CFO sous LBO passe par une école de commerce, avec une spécialisation en finance. Les formations d’ingénieur et les profils d’experts-comptables sont plus rares.
Expérience : un mix finance et contrôle de gestion
L’analyse des expériences passées montre que 61% des CFOs ont fait du contrôle de gestion, tandis que 55% ont commencé en audit. En revanche, seuls 20% ont une expérience en Transaction Services ou en fonds d’investissement, et 11% sont passés par une banque.
Les CFOs PE-backed ont majoritairement un socle solide en finance d’entreprise, avec un focus sur la gestion opérationnelle et le reporting. Les parcours purement Transaction Services ou banque restent minoritaires.
Être CFO, ça ne se décrète pas
75% des CFOs analysés ont déjà occupé un poste de CFO auparavant. Les primo-CFOs représentent une minorité, et ils viennent très souvent de grands cabinets d’audit.
Le passage en audit est une porte d’entrée courante pour les CFOs sous LBO, en particulier pour ceux qui accèdent à ce poste pour la première fois.
Un background ancré dans l’opérationnel et le terrain
La majorité des CFOs analysés ont un parcours opérationnel. Ils sont 31% à avoir déjà été dans une entreprise PE-backed et 24% viennent d’une entreprise du CAC 40.
47% des CFOs ont eu au moins une expérience en PE-backed ou en entreprise du CAC 40.
Les profils sont souvent passés par plusieurs environnements avant d’arriver à un poste de CFO sous LBO avec une bonne connaissance des dynamiques terrain et des exigences financières.
La dimension techno encore sous-exploitée
Seulement 1 CFO sur 3 mentionne explicitement ses compétences IT dans son profil LinkedIn. Pourtant, les enjeux de transformation digitale, ERP et pilotage de la performance sont omniprésents
Les CFOs intégrant la dimension IT dans leur profil mettent en avant l’ERP et la data comme levier de transformation. Cela reste minoritaire, mais essentiel pour piloter la croissance dans un environnement PE-backed.
Ce n’est pas un 1 (wo)man show : les traits de personnalité les plus mis en avant
Dans leur storytelling, les CFOs insistent moins sur des compétences purement techniques que sur leurs qualités de leader, business partner, team player et communicant. L’image d’un financier enfermé dans ses fichiers Excel est définitivement dépassée.
Les CFOs sous LBO se positionnent comme des facilitateurs et des décideurs stratégiques. Le rôle ne se limite plus aux chiffres mais inclut une forte capacité à fédérer, accompagner le changement et collaborer avec l’ensemble des équipes.
Les mots du deal : quels accomplissements sont mis en avant par les CFOs PE-backed ?
L’analyse des descriptions des accomplissements met en évidence des tendances claires : les CFOs sous LBO parlent principalement de transformation, acquisition, restructuration et croissance rentable. Ces mots-clés montrent bien la nature de leur rôle dans ces structures : optimiser la performance financière, restructurer les opérations et piloter la stratégie M&A.
Les CFOs sous LBO sont avant tout des architectes financiers de la transformation. La majorité évoque leur rôle clé dans l’optimisation du cash, la structuration de la finance et la croissance via acquisitions. Leur impact se mesure en négociation de financements, mise en place de synergies et amélioration des indicateurs de performance
L’amour du PnL dure 3 ans
La moitié des DAF sous LBOs ont 35 mois d’ancienneté.
La fenêtre de tir est courte. Un DAF sous LBO dispose d’à peine deux exercices pour prouver qu’il sait fiabiliser le closing, imposer des KPIs granulaires et sécuriser le cash.
Passé ce cap le fonds tranche, il garde les performants et remplace les autres.
Quand ils prennent leur poste, les CFOs sont en mission commando: ils doivent verrouiller la donnée dès le premier trimestre, automatiser les reportings avant la deuxième board et mettre le contrôle interne en pilote automatique. Les quick wins doivent être visibles, chiffrés et alignés sur le plan de création de valeur du fonds.
Un CFO peut quitter l’aventure pour une de ces cinq raisons :
La promesse non tenue: le fonds veut un reporting fiable, un budget sous contrôle et du cash visible en six mois. Si les quick wins ne se matérialisent pas, le couperet tombe
Le profil de phase: certains CFO sont des bâtisseurs de chiffres, pas des stratèges. Une fois les fondations posées, on recrute un copilote de croissance pour le remplacer
Le clash culturel : dans un LBO, chaque euro compte. Un CFO qui temporise, discute trop les capex ou refuse la transparence finit par lasser un board pressé
La rotation de l’actionnariat : changement de sponsor, nouveau directeur général : la nouvelle garde arrive avec son propre CFO, l’ancien devient variable d’ajustement
L’usure accélérée: clôtures tendues, migration ERP, due diligence permanente : le rythme épuise. Trois exercices suffisent pour brûler les réserves et donner envie de changer d’environnement
Le graphique montre aussi une longue traîne de vétérans : durer est possible, mais seulement si l’on continue d’apporter un avantage compétitif clair.
Le confort est un luxe que le LBO ne finance pas
Conclusion
Ces 100 profils LinkedIn de CFOs sous LBO dessinent un portrait précis :
Des experts de la transformation, capables d’optimiser la performance et de gérer des restructurations complexes
Des leaders et business partners, avec une forte capacité à fédérer les équipes
Des profils opérationnels, avec une expérience terrain en PME/ETI ou en audit et contrôle de gestion
Un rôle de plus en plus tech-driven, même si l’intégration de la tech et des outils reste un chantier en cours